Au coeur de Windhoek

Après quelques jours à arpenter la ville, on commence à se sentir très à l'aise dans cette nouvelle vie. On attrape les taxis, on leur lance « Meinert strasse » (à l'Allemande sur les écriteaux, allez savoir pourquoi) et hop on saute dedans. On ne demande même plus le tarif, on donne 10$ - namibiens, ce qui fait 70 cts par personne, et les filles ne paient pas, d'où parfois les pyramides quand on se retrouve à 7 dans la voiture. La ville grouille de taxis, et on ne voit pas tellement de voiture particulière, faut dire que question trafic, c'est plutôt calme sauf à midi mais ce n'est qu'un semblant de bouchon. Les gens n'auraient-ils pas leur propre voiture ? 

Bon il y a une grande partie de la population qui ne peut sans doute pas se le permettre et notamment les gens qui viennent de Katutura, le quartier de Windhoek où les Sud africains avaient parqués les noirs à l'époque coloniale, et qui reste un ghetto après 25 ans d'indépendance. A ce sujet, on apprend que le mix des populations est quand même bien meilleur ici qu'en Afrique du Sud aujourd'hui, malgré une prédominance des blancs à la tête des administrations et de l'économie. On ne ressent pas d'animosité, ni de harcèlement. J'ai lu dans le journal local que le président préconisait à ceux qui avait de l'argent d'aider à apporter de meilleures conditions de vie aux plus démunis, il a tenté de mettre en place une sorte de taxe de solidarité, mais il y a eu des protestations...

 A côté de ça je n'ai jamais vu autant de banques dans une ville ! Et des distributeurs !! Parfois des préaux avec 5 ou 6 distributeurs à la file, mais d'où sort et où va donc tout cet argent ?

Dans les centres commerciaux ? Là encore on a vu au moins 4 ou 5 « Mall » dans Windhoek (bien que capitale, ce n'est tout de même qu'une modeste ville de 350 000 habitants), et des magasins de tout et de rien mais beaucoup de fringues il me semble. Des habits vraiment pas chers provenant probablement d'Asie. 

Un centre ville tout à fait occidental, avec des gens qui s'habillent en costume manches longues ou en petite robe moulante pour les filles, pour ce qui est remarquable. On voit aussi parfois passer de belles mamas portant le costume traditionnel Herero, descendant des traditions allemandes, elles doivent étouffer dans ces trucs. Sinon rien ne saute aux yeux sauf qu'on n'a pas l'impression d'être en Afrique. Et je manque un peu de ça, d'exotisme, de petits étals vendant de tout et surtout n'importe quoi pour rien, pouvoir acheter une bouteille d'eau sans rentrer dans le supermarché, pouvoir manger dans un boui-boui un bon repas local, négocier, communiquer quoi...

Et puis dans les supermarchés, on est un peu déçu d'y trouver les produits anglo-saxons dont je finis par penser que ce sont des produits internationaux puisqu'on les retrouve partout sauf en France : les jus au goût chimique, les margarines au gras de provenances diverses (« fat » végétal et animal, berk), le miel d'origine « Chine ou Inde » (Ah?), des rayons entiers de lait, de soupes déshydratées, de céréales pour petit-déjeuner, et bien sûr les boîtes de haricots rouges en sauce, les sausage rolls et autres gourmandises anglaises... dont la Marmite (ha ha, l'extrait de levure dont je raffole depuis l'Australie mais je n'ai pas craqué, d'être ici me la rend moins exotique).

Et pas de bons fruits ou légumes pour compenser ici : du melon, du raisin et des pastèques de 10Kgs dont on ne peut se charger. Des butternuts, des choux et des salades sous plastique... Bref rien de bien excitant et côté graines, r.a.s. à part les pâtes et le riz.

La viande n'est pas chère du tout, et du poisson on n'en trouve pas. Il paraît que tout le poisson pêché à Walvis Bay et Swakopmund notamment est congelé et exporté directement en Espagne. D'où la présence aussi d'Espagnols.

Côté boisson les filles sont tombées dans les bulles et le goût chimique, et nous dans le vin sud africain ! Non j'exagère on a eu l'occasion d'en goûter à 2 reprises, et à chaque fois on n'a pas été déçu. Quant à la bière, brassée à Windhoek-même, elle est plutôt douce. Il y a eu un échange de techniques avec les brasseries allemandes et apparemment les Namibiens ont même commencé à cultiver de l'orge !

un taxi dans les quartiers résidentiels

En tous cas bien que les maisons soient en général barricadées : murs très hauts, grillage voire fils barbelés ou électrifiés, barreaux à toutes les fenêtres, on n'a pas de « sentiment d'insécurité », on dirait plutôt que tout cela est l'héritage laissé par les Sud Africains, qui eux en auraient plus besoin a priori. Il y a des gardiens partout voire plusieurs, notamment aux distributeurs, ils portent parfois une arme, c'est toujours impressionnant à voir. Mais ils n'ont pas une mine patibulaire qui nous fait traverser la rue, ils sont même plutôt souriants. Et puis le fait de porter Anémone attise la curiosité et la sympathie. Il y a même un jeune qui nous a dit qu'il n'avait jamais vu de blanc porter de cette manière, ce à quoi j'ai répondu qu'en Europe ça devenait de plus en plus courant. Il y a des femmes qui s'intéressent aussi à ce type d'écharpe, et sont surprises d'apprendre que c'est chinois. C'est pas comme si elles utilisaient encore des bouts de tissu, quoique ça arrive parfois mais ici elles ont les mêmes sacs qu'ont les françaises en général, ha ha !