Ivor,
le sourire jusqu'aux oreilles et les yeux pétillants nous accueille
chaleureusement et nous emmène chez lui, dans le quartier de Dambwa.
Ce couchsurfing était déjà pour moi le clou du voyage avant de
partir, je savais qu'il travaillait à monter une école dans un
village. Mais les changements de cap au mois de décembre nous ont
détourné de cette aventure, et pour la bonne cause puisque Tristan
a trouvé. Mais j'avais toujours cette idée en tête d'aller passer
quelques jours dans cette famille, et lorsqu'on a décidé de sortir
du Botswana, c'est la première option qui m'est venue à l'esprit.
A peine sorti du centre ville on traverse des quartiers très animés de la vie locale, de petites échoppes en tôles, du bitume défraîchi, des femmes qui portent des paniers sur la tête, et/ou des bébés en écharpe, et puis cette ruelle de terre rouge, à moitié inondée par la pluie de la veille.
C'est là qu'on s'arrête, devant un enclos de plusieurs maisons locales, imbriquées les unes aux autres. Les enfants de la ruelle accourent tous autour de la voiture, essaient de toucher nos filles, leurs cheveux et de leur parler. Certains se présentent à nous : « Bonjour, moi c'est Patrick, comment ça va ? ».
Puis Ivor nous montre sa maison, 2 pièces avec 2 grands lits, pleine de meubles et sur une table un peu bancale, la cuisine avec un four et 2 plaques, sur lesquelles on prend le jus si on n'a pas de chaussure, aïe, ça pique.
La cuisine |
Siphiwe, la future meilleure copine de Galane |
Ils
reviennent et on mange ce que j'ai préparé (pâtes aux poivrons,
comme d'hab), à l'intérieur parce que les enfants de la rue sont
toujours collés à nos basques, il fait chaud. On met les filles au
lit, toutes excitées par ce nouvel endroit, cette nouvelle
expérience qui a l'air de bien leur plaire, en plus sous la
moustiquaire, encore une occasion de faire les fofolles. Nous on rêve
d'une douche que nos hôtes s'affairent à nous prépare pendant
qu'on essaie de calmer les filles.
Les
toilettes sont communs à l'enclos, à plusieurs mètres derrière la
maison, dans un bloc avec les douches. Enfin ce qu'il en reste,
c'est-à-dire une pièce ouverte, avec une évacuation. Il y a un
robinet d'eau courante unique sur l'enclos, et encore quand il
marche. Donc on conserve l'eau dans de grandes cuves, des bassines en
tout genre.
Sillar
m'emmène avec une lampe torche et un tissu qu'elle accroche sur le
devant de la pièce, la bassine est là qui m'attend avec un godet
pour m'arroser. Ah mais quel bonheur après cette journée chaude et
toutes ces émotions, malgré l'obscurité dans ce lieu inconnu, et
cette douche à l'ancienne que je n'avais pas revécu depuis le
Vénézuela. Et malgré la chaleur de ces maisons sous tôles, et
quelques craintes sur la sécurité des installations électriques et
l'hygiène des communs, je me sens bien ici, je crois qu'on va passer
un bon séjour.
Les
bains dans la bassine sur le perron ravissent les filles. Les petits
plats de Sillar sur le brasier devant la maison, manger avec les
mains, laisser le temps passer tranquillement en regardant les
enfants s'amuser, échanger quelques mots avec les voisins qui
passent ou aller remplir des bassines d'eau et faire la lessive à la
main... Que de plaisirs simples qui m'enchantent. Et puis ces
sourires, Sillar, toujours agréable et serviable, Ivor qui nous
raconte sa vie dans la mine, les différentes cultures de son pays,
ses projets aussi.
La chef au brasier |
L'institutrice est une jeune femme bénévole du village, qui porte son bébé sur son dos, les enfants n'ont même pas tous un cahier, certains ont de vieilles feuilles déjà bien utilisées, d'autres rien du tout. Au début on est un peu gêné d'interférer en plein milieu de la leçon, les enfants sont dissipés, et puis on se met au fond et la classe reprend son cours. Timidement j'essaie de les aider, et puis je me lance au tableau, je passe dans les rangs. Certains sont très intimidés peut-être même effrayés quand je leur parle, d'autres au contraire m'interpellent. Quel moment hors du temps !
Toute cette petite cohue nous suit partout ensuite dans notre traversée des « hameaux » du village, assez éloignés les uns des autres, ils regroupent une famille et toutes ses générations dans un même endroit, avec des huttes, des greniers, des poulets (bicyclette?). On s'arrête au goyavier où les enfants cueillent et nous offrent plus de goyaves que notre estomac ne pourra supporter, tant pis on se régale et surtout les filles (qui se tapent une bonne « tourista » le lendemain, rien d'inquiétant heureusement).
cache-cache |
ils s'entraînent à prendre des photos, assez réussies! |
Puis
on arrive au hameau du chef du village, qui nous attend avec une
bière locale artisanale, dont la couleur et la texture et même le
goût rappellent plus le café au lait que la bière. Puis l'un
d'entre eux passe nous verser de l'eau sur une bassine pour qu'on se
lave les mains avant le repas : de bonnes galettes d'Nshima
(préparation à base de farine de maïs dont on raffole tous), et
une ratatouille d'aubergines zambiennes (toutes petites et blanches).
Le Nshima se découpe et se roule en boule de la main droite, et sert
de couvert pour attraper les autres ingrédients, pas toujours
évident, mais on prend le coup avec le temps.
Galane, la petite fermière, donne du foin aux animaux |
la hutte du chef, magnifique propriété |
L'adorable Pillar, qui jamais ne pleure |
Bref,
on parle de la vie du village, et aussi de ce garçon de 9 ans que le
chef a recueilli et qui ne réussit pas à l'école, il reste au
village pour aider. Et de ce gars qui s'est installé pour un temps,
a engrossé 2 soeurs (dont une de 14 ans) et a pris la fuite. Pas
facile de se marier pour elles maintenant... La solidarité
familiale, et celle du village sont d'autant plus importantes dans
ces conditions de vie. Faut dire qu'ils vivent ensemble, malgré des
cahutes distinctes pour les couples, et une pour les enfants (!!).
Ils sont tous élevés ensemble et par tous, ils s'élèvent les uns
les autres aussi, les plus grands prenant en charge les plus petits.
C'est surprenant de voir l'habileté avec laquelle les filles de
l'âge de Galane manipulent les bébés. Et puis ils jouent, ils
jouent, en ville aussi, comme nous avait expliqué Ivor, on ne prend
même pas la peine de les appeler pour les repas, ils rentrent quand
ils ont faim, on ne leur fait pas faire de sieste, ils la font quand
et là où ils s'endorment, on ne les pousse pas au lit le soir à
20h02 non plus. Un côté tentant mais un peu anarchique quand
même...
Ah,
ce qu'on est bien sous cet arbre à regarder ou imaginer cette vie
bien différente. J'y ferais bien la sieste, le paysage est
magnifique, le hameau aussi avec ces charmantes petites maisons. En
fait j'aimerais bien y passer quelque temps dans ce village... Mais
on rentre sur Livingstone, retrouver les enfants de la ruelle et
passer une soirée agréable avec nos hôtes.
Ce
soir là c'est Nshima (Nshima un jour, Nshima toujours!) avec de la
friture de poisson (qu'ils achètent séchés), et des feuilles genre
épinard (ils en ont tellement de variétés, des feuilles de patate
douce aux feuilles d'okra, que je m'y perds). Les 3 filles se
partagent une assiette, assises sur le porche des voisins, elles
s'entendent comme des larons en foire, et se régalent elles aussi.
Les copines bien fatiguées de leur journée |
Le
lendemain, Ivor et sa famille nous emmènent aux chutes Victoria !
Avec l'inertie de groupe, on y arrive assez tard alors on ne fait que la
traversée du pont, frontière avec le Zimbabwe, d'où on a déjà
une vie exceptionnelle.
Et puis c'est là que les plus fous sautent à l'élastique, un des plus hauts spots du monde. Ah c'est impressionnant de les voir s'élancer, bouh, j'ai mon quota d'émotion, la balade aux chutes ce sera pour une autre fois.
Les babouins sont partout |
On
tente l'entrée à l'hôtel chic d'à-côté où apparemment on peut
se baigner à l'oeil dans la piscine, mais on se fait rappeler à
l'ordre. On a quand même le loisir d'approcher des zèbres que l'on
voit débarquer les uns après les autres derrière un des
hébergements. Ils font partie des 5 zèbres et 3 girafes que possède
l'hôtel pour le plaisir de leurs invités, sympa.
Et puis on fait du repérage, à la plateforme des tours en hélico, d'où on aperçoit la brume générée par les chutes, puis au parc des « big five » (les plus gros animaux d'Afrique). On peut y faire des balades à dos d'éléphant, marcher avec les lions, caresser les léopards, pour des tarifs plus ou moins élevés. On se contentera juste d'observer les lions et léopards en cage, Grroarr !
"The smoke who thunders" (la fumée qui tonne) |
Pour terminer la journée, on va boire un pot dans un des lodges au bord du Zambèze.
Une
excellente journée en familles, encore!
Le
jour suivant (pff mais quel programme !) Ivor nous a emmené
avec Spiwe en ville pour boire un café Zambien, faire le tour du
grand marché, et visiter le musée. Qui d'ailleurs vaut le détour,
surtout si vous êtes guidés comme on l'a été.
Petit arrêt réparation de voiture, les copines ne sont jamais à cours d'idée pour se marrer, malgré les étapes parfois laborieuses |
On aime la pluie qui rafraîchit |
Petite coupe dans une cabane en bord de route |
Enfin pour moi c'était le
cas, un groupe de chanteurs, dont le principal change à chaque
morceau, plus enflammés les uns que les autres, des musiciens ?
En tous cas un batteur, c'est sûr, qui bat la mesure des émotions.
Et ces gens tous ces gens qui prient, qui chantent, qui lèvent les
mains au ciel, ou serrent les poings, qui hurlent même... Je suis
envoûtée, à demi-consciente de l'effet Disney, et les larmes
finissent par arriver. C'est surtout que la coupe est pleine, on a
vécu tellement de belles choses ces derniers jours, et vu aussi
beaucoup de souffrance et de voir ces gens se soulager de leurs maux,
c'est juste... tellement que j'en ai encore les larmes aux yeux en y repensant 10
jours après ! Et puis c'est le dernier moment de notre séjour
avec cette famille, même si on sait qu'on se reverra.
Allez,
on va se reposer à l'hôtel...
MERCI,merci Aurélie. Nous aussi on a pas envie que tu laches le crayon. Nous ici, en te lisant nous nous retrouvons quelques longues années en arrière et je comprends ton émotion que tu transcrit très bien. Beau séjour en effet et quelles belles balade. je me plais a imaginer les filles, Galane surtout quel plaisir pour elle quel apprentissage de la vie. Et Tristan lui aussi doit avoir quelques souvenirs qui reviennent...Je sais que je vais lire et relire ces journées Merci. Bon voyage encore, et patience.
RépondreSupprimerBises a vous quatre
oh oh c'est vrai que ca fait remonter des souvenirs tt ca! un petit gout de deja vu bien sympathique! et Tristan fait tres couleur locale assis sur sa chaise avec tous les hommes sous l'arbre! il est chez lui dis donc! quant a toi, c'est juste la couleur de cheveux qui denote, a part ca, tu es chez toi aussi! c'est top tout ca, ca donne envie de venir! et quels coach surfeurs sympathiques et originaux! plein de bisous a vous 4
RépondreSupprimer!!!!!!!!!!!!
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