Parce
que les nouvelles n'ont pas été celles espérées cette semaine,
alors je vous livre ici le côté obscur de la vie à Maun...
Le "bush", en face de chez nous |
Pffff...
internet ne marche pas encore, il ouvre google puis rame pour
hotmail, je tente même plus facebook. Au Motsebe, j'avais
l'impression que ça marchait mieux que ça bien que je n'aie jamais
réussi à ouvrir certaines pages comme AirBnB (un site de location
de chambre chez l'habitant). On achète un crédit de téléphone,
par exemple 40pulas (3€) et on tape un code rss genre *148# qui
ouvre une boîte de dialogue : pour prendre internet pour 2
jours tapez 2, etc. Bon ça va c'est pas la mer à boire mais si au
moins ça marchait correctement.
J'ai
bien tenté d'aller à la boutique Orange. Le premier jour déjà
pour acheter mes premiers crédits. Comme à l'entrée de chaque
magasin, il y a un gardien, assez souvent une gardienne d'ailleurs.
Comme il s'avance vers moi, je lui indique la raison de ma venue et
il me propose d'attendre à la suite de la quinzaine de gens assis
sur la banquette centrale, ouh la, tout ça pour du crédit de
téléphone, ça va ça attendra ! Finalement dans toutes les
boutiques et même toutes les baraques que l'on croise sur le bord de
la route, on peut acheter du crédit, même au supermarché !
La
seconde fois j'étais fermement décidée à prendre un abonnement
mensuel et là encore la boutique Orange était pleine à craquer. Je
me suis quand même assise, bon j'étais un peu plus libre aussi car
les filles étaient à l'école. Mais quand 20 min plus tard je me
suis rendue compte que personne n'avait bougé, j'ai craqué... j'ai
plus qu'à assumer d'avoir un internet pourri, et puis finalement on
s'en passe assez facilement...
Mais
des files d'attente, si ! Au guichet et notamment ceux d'une
certaine banque, bizzarement c'était pareil en Namibie : d'un
côté une queue de 30 personnes et de l'autre, on passe directement.
Le problème c'est quand on se décide à la faire et qu'arrivé au
bout, surtout si on n'a pas compris pourquoi les précédents sont
partis si rapidement, on commence l'opération et on s'aperçoit
qu'aucun montant n'est disponible... Ben y a plus qu'à aller faire
la queue à l'autre banque où elle s'est forcément densifiée. Là
aussi il y a des gardes postés près des guichets, comme en Namibie.
Que ce doit être long les journées, et je n'en vois vraiment pas la
nécessité sauf à limiter le chômage...
Dans
les magasins de bazar aussi (c'est-à dire tous les magasins hors
supermarchés), les queues sont interminables, combien de fois ai-je
été ranger mon article une fois arrivée à la caisse, dépitée de
devoir faire la queue.
On attend le taxi |
Une
vie d'attente qui finira par venir à bout de mon impatience... Je
suis déjà plus tolérante envers les taxis, dans 15min ? Oui
ok, bon allez on a 30min devant nous, au moins ! Au début on
les attend avec les filles crevées dans les bras à la porte du
resto à 22h, maintenant on sait qu'on a le temps de se reboire un
coup. Parfois c'est devant la maison qu'on attend pour sortir, pas de
taxi pendant un moment puis 3 d'affilée qui nous font des appels de
phare pour signifier qu'ils sont pleins. Les prochains se remplissent
devant nous, car le long de la route, on est pas les seuls à
attendre... rrrrrh. Et puis « Dumela Mma », « Dumela
Rra » (« Bonjour Monsieur », « bonjour
Madame » en Setswana), en plus en général ils sont très
sympas, alors on oublie le reste.
Portrait d'Anémone par Galane |
Au
supermarché, c'est dans les rayons parfois qu'on s'exaspère
tellement ils sont encombrés de chariots, de cartons, de gens qui
papotent...
Le
premier jour j'ai pris peur, je suis entrée dans le Spar du centre
ville, le carrelage au sol avait été enlevé, mais pas dans tous
les rayons, je vous dis pas la galère avec le chariot et les filles
dedans pour passer les ornières. La moitié des rayons étaient
vides, au rayon fromagerie (margarinerie), il y avait encore des
cartons éventrés stockés par terre contenant du beurre, de la
fêta, et je vous épargne l'odeur du rayon viande. Bref j'ai failli
partir en courant ! Quand j'ai retrouvé Tristan le soir je
commençais déjà à faire des plans pour partir d'ici vite, très
vite et le plus loin possible ! Et puis j'ai découvert les
autres magasins qui sont quand même plus dans mes standards
d 'hygiène (de base mais quand même). J'ai remis les pieds
dans celui-ci il y a quelques jours et j'ai compris qu'ils étaient
alors en travaux, maintenant c'est beaucoup plus clean.
Et
puis on s'y fait au choix anglo-saxon, j'en ai déjà un peu
l'habitude : des rayons entiers de pains de mie, de soupes
lyophilisées, de sodas et de sauce tomate, sur 4 rayons, voilà on a
fait le tour. Ici ils ont aussi un rayon de sacs de 5Kgs de farine en
tout genre et sucre. Mais à l'entrée, ouf, il y a un petit quartier
fruits et légumes. A part les pommes de terre, patates douces,
butternuts et carottes que l'on peut trouver en vrac, les autres
légumes sont prêts à l'utilisation, déjà découpés et même
souvent assemblés pour faire des sortes de sachet à wok, ce qui
facilite les choses, mais enfin le choix est un peu limité tout de
même : 3 bouquets de chou fleur, 15 haricots verts et 2 mini
maïs, au début c'est sympa, mais à la longue, on aimerait un peu
plus de choix. On trouve quand même assez facilement des poivrons,
et des mini courgettes en corolles, drôle de forme.
A
côté, la boucherie avec de la viande -du bœuf bien sûr!- à 25
pulas le kilo (à peine 2€). Des côtes, coupées droites dans
l'os, comme si c'était fait à la machine -et c'est probablement le
cas- du bœuf à braiser, et des saucisses à tous les goûts. On
peut voir aussi des petites côtes d'agneau, et puis on a trouvé le
filon de superbes brochettes de porc, un kebab presque, avec de beaux
morceaux bien tendres enfilés les uns sur les autres, dans une
marinade salée sucrée, un délice au barbecue !
Meuhhhhhhh |
L'eau
se trouve partout dans le magasin par bidon de 5L, c'est souvent de
l'eau purifiée car il y a une boîté spécialisée ici-même à
Maun « Aquarite », mais on trouve aussi de l'eau minérale
et de source, selon les jours. De toute façon on s'en descend au
moins un par jour et comme on se déplace en taxi, on est assez
limité en quantité, donc on fait les courses tous les jours ou
presque... Et on se trimballe avec nos 5 ou 10L d'eau plus nos sacs,
plus éventuellement nos filles, pour aller trouver un taxi, en
général à la station.
Les boîtes cadeaux de l'école, elles ont été bien gâtées déjà |
C'est
vrai qu'au moins en Namibie, les gars nous assaillaient à la sortie
du magasin c'était vite fait. Là, non ils ont leurs habitudes, et
c'est à la station (à l'ombre d'un grand arbre, à côté d'une
baraque) qu'on est sûr d'en trouver un. Parfois on attend qu'il se
remplisse pour partir mais c'est assez rapide. Et c'est 4 pulas
(0,3€). Il y en a qui essaient de me faire payer pour Galane aussi
lorsqu'on est toutes les 3, maintenant je lâche un peu, parce que 4P
c'est vraiment rien mais au début j'étais attachée au principe :
pourquoi devrais-je payer quand le taxi est vide alors que dès
qu'ils peuvent le compléter et ça arrive très souvent je les ai
toutes les 2 sur mes genoux. En général un voisin ou une voisine me
propose d'en prendre une d'ailleurs, j'ai essayé avec Anémone mais
elle est revenue au bout de 2 min alors que Galane est aux anges « my
name is Galane ».
A la
maison, on mange bien souvent des sandwichs ou des croque-monsieur le
midi. On a commencé quand elles étaient à l'école car elles y ont
2 en-cas alors je préfère leur donner un sandwich même pour 11h
que des biscuits. Là c'est les vacances mais on garde plus ou moins
le même rythme, et puis le soir on sort assez souvent sinon je
cuisine un peu, et puis on fait des barbecues.
Dehors
c'est pizza et hamburgers, autant les pizzas sont fines (craquantes
mais aussi en goût) et délicieuses, autant les burgers sont dég...
Pour la première fois de ma vie je n'en ai pas fini un, à Wimpy, on
y remettra plus les pieds, dommage qu'il n'y ait pas un mc do !
Ha ha. On a un KFC, mais pour moi c'est simplement le repère des
taxis car j'ai juré depuis Edimbourg de ne jamais y mettre les
pieds, et depuis 15 ans j'y suis parvenue. Heureusement il y a le
Sportsbar qu'on a découvert sur le tard, bien que ce soit un repère
de pilotes, et là le steack haché ressemble à un steack haché de
boucher, et non à une vieille semelle, berk, plus jamais. Mais ce
n'est pas tout, on mange aussi très bien dans les endoits « à
la mode », daube de bœuf, brochettes, salades, et puis de la
cuisine indienne aussi...
Notre maison c'est celle du milieu |
On
n'a pas encore goûté les vers... on avait vu cette espèce de
« graines » sur le marché de Katutura en Namibie, le
gars nous avait pourtant confirmé que c'était des graines, mais on
a récemment appris qu'il s'agit bien de vers. Ah, je ne suis pas
sûre de pouvoir m'y mettre... C'est comme ces insectes qui ont passé
l'autre nuit à se jeter sur notre porte, et sous notre porte, on
était infesté jusqu'à ce qu'on bouche toutes les ouvertures. Elles
perdent leurs ailes et rampent par millier, puis le lendemain plus
rien, juste un amas d'ailes devant la porte. Il paraît que ça se
mange aussi, mais trop tard (dommage...), on ne les voit plus. Il a
du y en avoir un nuage le jour de ce gros orage.
Sinon
on cohabite assez bien avec les petites fourmis, qui nous ont
d'ailleurs débarrassé des ailes. Faut dire qu'on est chez elles, il
faut voir les fourmilières qu'on peut croiser dans les quartiers
alentours. Ici les femmes de la résidence ratissent le sable tous
les matins, et je suppose que ce n'est pas seulement pour ramasser
les fleurs des flamboyants. On voit clairement les trous des galeries
dans le jardin et probablement que si ce n'était pas fait on serait
au beau milieu d'une fourmilière géante. On avait déjà remarqué
que les terrains, quels que soient les quartiers sont toujours très
propres et bien entretenus bien que ce ne soit que du sable. Enlever
les feuilles ça permet aussi d'y voir plus clair probablement et
d'éviter d'autres bestioles comme le scorpion qu'on a vu l'autre
jour, ou peut-être n'était-ce que sa mue, je n'ai pas pris le temps
de l'inspecter, je l'ai attrapé avec le rateau et ouste, hors de
là !
Ne nous cherchez pas entre 4 et 5, c'est là qu'on est! |
Certains
soirs, on se fait harceler par de tous petits moustiques, ils sont
discrets et ne piquent pas tellement mais le lendemain on a
l'impression d'avoir la varicelle, enfin surtout Anémone, et moi un
peu aussi pour une fois.
Mais
c'est surtout les soirs orageux, et puis comme on s'est mis à la
clim pour la nuit, ça les tient éloignés. Une mauvaise habitude de
laquelle on a déjà du mal à se défaire. Les premières nuits ici
avaient été assez difficiles avec cette chaleur étouffante et ces
moustiques (étonnament ce n'était pas le cas près de la rivière).
Et puis la Clim a résolu tous nos problèmes et je la suspecte aussi
d'endormir les filles grâce à son vrombissement. Alors dur de
résister. On l'avait éteinte cette nuit mais après 3 réveils
d'Anémone, on a craqué...
On a
aussi des amis scarabés, de beaux spécimens de papillons de nuit de
10cm qu'on retrouve sur le palier le lendemain matin... Et bien sûr
les oiseaux, quoiqu'ici on n'en voit pas de si beaux que près de la
rivière, mais on entend, on vit, on danse au son de leurs chants...
Et de
ceux de l'église d'à-côté ! En ce dimanche matin d'après
noël, ils semblent déjà très motivés. On les entend chanter,
frapper dans les mains, siffler, sachant que ça monte crescendo
(c'est notre 3ème dimanche ici, on commence à connaître),
qu'est-ce que ce sera à 15h... Parfois c'est en soirée aussi la
même folie, le même concert, parfois c'est sympa mais parfois c'est
de gros sermons aggressifs, ou bien de la musique bontempi, et là
c'est moins rigolo...
Heureusement
on a David, notre voisin, rasta du Zimbabwe, qui nous joue de la
musique live presque chaque jour, entre midi et 4h, ça tombe bien
c'est le moment calme de la journée, j'adore !
En ce
qui nous concerne, on a eu des déceptions cette semaine, avec
Wilderness qui n'a pas retenu la candidature de Tristan ayant préféré
des jeunes sud-africains qui connaissaient déjà du monde, tant pis.
Idem pour moi, j'ai eu un entretien chez Safari destinations, qui
s'est bien passé jusqu'à ce que la RH me dise qu'elle devait
rencontrer une Motswana parlant français le lendemain, et
qu'évidement elle devait lui donner la priorité si ça collait. Et
je le comprends très bien mais enfin j'étais bien déçue que cette
fille soit là en même temps que moi. J'ai aussi rencontré
leur concurrent, chez qui j'avais déposé un CV, la manager m'avait
envoyé un texto dans la minute pour que je repasse la voir le
lendemain, assez motivée, et puis voilà : c'est les
vacances...
Mais
l'un comme l'autre on reste assez confiants pour le mois de janvier,
et puis malgré tout ce que je vous ai raconté, vraiment, on se
régale ici !